Nous sommes sur une ile, dans un lac, en Russie, en plein milieu de la Siberie !
Il n’y a pas a chipoter, cette expérience sur l’Île d’Olkhone a juste été une expérience unique !
Devant la gare routière à 8h du matin, nous retrouvons, Seb et Elo, le couple de français que nous avions rencontré dans le transsibérien ainsi que Marie qui les accompagne et que nous avions croisé la veille. Nous ferons le voyage avec eux. S’en suis une grosse incompréhension avec notre chauffeur qui nous demande de l’argent pour poser nos bagages en soute, choses qui pour nous autres, français, est loin d’être commun et d’autant plus complique à comprendre en russe…
Une fois assis et partis, je me lance dans 8h de sieste sous une pluie qui rend les routes en terre peu sures. Après quelques frayeurs du style « tomberons-nous dans le fosse de droite ou de gauche? » nous voilà arrivés sur cette Ile tant attendue ou comme par magie le temps se fait plus doux et accueillant, il est 17h.
On en profite alors pour se dégourdir un peu les jambes. L’objectif était de rejoindre la lisière de la forêt pour y installer notre campement, mais on marchera finalement pendant 3h dans les forêts jusqu’à trouver une clairière en haut d’une colline avec une vue imprenable sur le lac baikal et notre premier couché de soleil. Nouilles chinoises et au lit ! Le terrain étant un peu en pente, je passerai ma nuit a faire du toboggan à l’intérieur même de mon super sac de couchage-matelat qui résiste très bien au froid. Et oui, contrairement au Yayann,je n’aurai absolument pas froid !
A notre réveil c’est reparti. Objectif du jour : atteindre le cote Est de l’Ile !
Nous redescendons la colline et en remontons une autre puis redescendons cette colline et en montons une autre plus a pic ! Moi qui faisait ma fière avec le gros sac sur le dos pour la première montée-descente, je me sens incapable de gravir cette montagne si pentue avec 20 kgs sur le dos. Heureusement Yayann avait pris la relève ! Et va-t’y pas qu’il nous faut redescendre encore une fois ! Mais cette fois, la difficulté se fait plus sentir ! La pente est très forte et très caillouteuse. On mettra donc énormément de temps a descendre, la pluie commençant à pointer son nez, mon sac de couchage s’éjectant de son rangement, la protection de pluie du sac se défaisant aussi et moi qui paniquait… J’entends Yayann au loin : « On a rejoint le chemin rouge ! » (Pour info, le chemin rouge c’était le chemin qu’on aurait du suivre si on avait voulu suivre tout le monde. C’est un des deux tracés qui traverse l’Ile d’Ouest en Est.) Ah ! Quel soulagement un chemin ! Victoire ! Yann voit déjà au loin le lac Baïkal ! Je le suis ! C’est tout juste si on courait tellement nous étions pressés de le retrouver ! Après quelques bonnes minutes passées dans la foret, Une magnifique clairière s’ouvre à nous avec pour arrière plan, le lac Baïkal !… Je reste sans voix.
On voit que c’est un point culminant pour les touristes de l’Ile : une table en bois gravée des différents passages, un bel emplacement pour le feu très bien équipé pour les barbecue, un peu plus loin on retrouve des traces du chamanisme, un escalier nous emmène sur la plage de galet au bord du lac… Nous ne sommes pas seul à être venu ici, mais quel bonheur d’arriver à destination après tout nos efforts dans les collines.
Des nouilles chinoises bien méritées !
D’après une légende, si l’on se baigne dans le Lac Baïkal, nous devenons immortel ! Nous le sommes donc devenu ! Nous reprenons notre chemin le cœur léger, suivant un petit trace au bord de la côte Est en direction du Nord dans le but d’être arrivé le lendemain ou le sur-lendemain à la pointe la plus au Nord de l’Ile.
Après deux petites heures de rando, nous plantons la tente face au lac. Yayann part faire une lessive tandis que je prépare le camp. A son retour il commence à préparer un petit feu de camp. Notre premier et nous espérons que ça ne soit pas le dernier. Nous veillons tard sous une lune lumineuse et à la chaleur du feu observant la côte Est qui s’étend sous nos yeux et nous imaginons capable d’arriver a la pointe le lendemain.
Bip Bip ! Bip Bip ! Le réveil sonne, il est 5h30. « Le soleil est lève ? – Non pas tout de suite, remets le réveil pour dans une demi-heure. »
6h : BIPBIP BIPBIP « Le soleil est lève ? – Pas encore, remets le réveil pour dans une demi-heure ! »
6h30 : BIPBIP BIPBIP BIPBIP « Le soleil est lève ? – Presque, on sort ? – Rrrr (grognement de Maiwylou au lever le matin trop tôt) »
On attend quelques minutes, assez longtemps pour que je réalise que je préfère les couchés et levés de soleil spontanés plutôt que de prévoir le truc… ça perd un peu de la magie. Les lumières sont tout de même magnifiques et nous retournons nous coucher jusqu’au BIPBIP du 9h !
Grosse douche dans le lac, ou j’ose mettre la tête ! Et hurle ! Et ris ! Et tombe ! Et… Comme ça fait du bien, une douche glacée au réveil ! Je me sens revivre ! On pli le campement et partons tard, aux alentours de 12h…
Il n’y a plus de chemin. On décide donc de prendre par la plage. Très vite nous nous retrouvons face à des rochers à escalader. Yann récupère notre sac commun que je portais depuis 10minutes à peine, car dégourdie comme je suis, j’ai déjà du mal à passer mon propre corps de l’autre côté, alors si en plus je suis chargée d’un gros poids, c’est la fin assurée ! Je passerai finalement par l’eau tandis que Yayann escaladera les rochers.
On poursuit notre route et nous retrouvons bloqués. Plus de plage, plus de rochers. Une montagne, qui, pensons-nous, après quelques mètres d’escalade nous ouvrira sûrement un chemin sur une zone à peu près plate et où nous pourrons poursuivre notre route vers le Nord tranquillement.
On commence donc à grimper. Le démarrage est difficile. Après seulement quelques mètres, j’aperçois un serpent sur ma droite qui redescend la montagne ! J’hurle et me carapate en hauteur ! Trois pas plus haut, je me pose, essaye de reprendre mes esprits, puis je panique. Un serpent ! à dix centimètres de moi ! Je suis à 4 mètres du sol, j’ai vraiment peur ! Je n’y arriverai pas ! Je pleurs de peur.
Bon, la partie plate n’a pas l’air si loin. Courage ! Et grimpe ! C’est parti ! Lentement, et pas plus sûrement j’essaye de me frayer un chemin. Yayann est déjà bien haut, il va vite même avec le sac de 20 kgs et m’attends a l’ombre d’un arbre !
Soudain je prise d’une grosse crise d’angoisse, me retrouve bloquée pendant un bon moment. Impossible d’avancer ! Je ne sais plus quoi faire ! Il doit être autour de 14h et le soleil tape fort ! Je vois des bestioles de partout ! Araignées, scarabées, sauterelles… Terrible ! Yann essaye de me soutenir comme il peut ! Cependant, il m’annonce quand même qu’après l’arbre où il m’attend, il y a le double de ce qu’on vient de faire… Il me propose donc de redescendre… Je commence à mettre un pied en arrière… Impossible ! Redescendre serait plus dangereux que de monter ! Je cris, je pleurs, je panique, puis me calme et monte ! Je rejoints finalement Yann sous son arbre. A ce moment nous sommes sûrs qu’il nous faudra continuer jusqu’au sommet puisqu’il n’y aura aucun endroit plat avant… Rangeons la peur un moment et avançons ! C’est parti mon kiki ! Yann toujours devant, fatiguant de plus en plus sous le poids du sac… Moi le suivant tant bien que mal.
Il nous reste encore un gros bout de la montagne a gravir quand je vois sur le lac une grosse pluie se dirigeant vers nous. « Yaaaaann !!! La pluie arrive ! » Pluie signifiait : rochers glissant et boue… « On s’active » qu’il me crie ! Aussi vite que je peux, je monte monte monte jusqu’au sommet, prenant à peine le temps de reprendre mon souffle ! On verra ça en haut !
Arrivée en haut sous les premières gouttes, Yann est déjà en train de planter la tente ! Une fois montée, on y rentre nos affaires et nous-mêmes ! Il est maintenant temps de prendre du repos.
Nous avons mis 4h30-5h à gravir cette montagne à mains nues de plus de 400 mètres de dénivelé !
Nous n’arrivons pas vraiment a y croire !
Une pensée nous était commune durant notre escalade : il nous est impossible d’y arriver, mais impossible de ne pas y arriver non plus !
Pourtant dans les deux impossibles, nous en avons réussi un, le plus glorieux ! Nous y sommes parvenus !
Personnellement, pour la première fois de ma vie, je me suis senti en vrai danger de mort ! Dos au précipice…
Toute la nuit suivante, les mêmes images de cette journée tournaient en boucle dans ma tête ! Jamais je n’avais vécu quelque chose d’aussi dangereux ! Mais qu’elle fierté d’arrivée au sommet et de se dire : « on l’a fait ! On n’avait jamais imagine être capable de faire ça un jour, et pourtant… on l’a fait ! »
(note rajoutée le 19/10/2011 : Ça fait déjà un petit moment, que tout ceci s’est passé mais un petit moment aussi que je voulais rajouter une petite touche à cet article. Je ne parle pas assez de Yayann. Je ne sais pas si sans lui je me serai laisser dépérir sur cette montagne, mais j’avoue que bloquée comme je l’étais à un moment donné, toutes les possibilités (dont celle-ci) ce sont offertes à moi. Descendre était impossible. Monter n’était plus possible. Rester là, semblait quelque chose de faisable ! Seule, j’aurai perdue toute confiance! Donc heureusement que Yann eut été là pour m’encourager et me dire que ce que je faisais était bien! Heureusement qu’il était plus haut que moi et voyais les choses avant pour me prévenir! Il a eu un sacré courage de prendre sur lui-même et de m’attendre de très longues minutes ! Cette capacité à se mettre soi-même de côté n’est pas donnée à tout le monde et je l’en remercie de m’en avoir fait bénéficier !)
Le lendemain, nous retournons sur nos pas à la recherche du chemin rouge et de Khoujir !
Après une petite descente de rien du tout (qui la veille me faisait paniquer !) et quelques pas dans la forêt nous retombons sur nos pattes, face au Baïkal ! C’est les larmes aux yeux que je prend alors conscience de ce qu’on a fait la veille. Le bonheur d’être en face de ce Lac qui nous a rendu immortel et qui nous l’a prouvé ! Une bonne bouffée de vie en pleine figure. Sentiment assez difficile à expliquer mais merveilleux à ressentir !
Tranquillement nous rejoignons l’arrivée du chemin rouge, musique à
fond dans les esgourdes ! Heureux ! Sur une petite plage, nous
remplissons nos bouteilles et prenons un bain. Le sac se fait bien
sentir avec les efforts de la veille, mais cela parait si peu comparé.
Nous marchons marchons marchons encore ! Jusqu’à arriver autour des
17-18h à Koujhir les pieds en feu !
Au menu ce soir ? Nouilles chinoises… Qui commencent légèrement à nous
les briser… On rêve de pâtes a la carbo, de saumon (pour ma part), de
chocolat, de beignets… De tout ce qui en nourriture nous manque vraiment
après deux semaines de nouilles chinoises ! Après un magnifique couché
de soleil et quelques parties de batailles corses, nous dormons déjà !
Journée tranquille ! Très tranquille ! Direction le sud de Khoujir.
Après une heure et demi de marche nous nous arrêtons pour manger au
sommet d’une colline côtière du lac… Des pâtes immondes ! Puis nous
jouons aux cartes, Yann s’en va un peu plus loin voir du paysage, je
reste sur place pour lire et profiter de la vue…
De retour au campement, nous partons a la recherche d’une connexion
internet pour savoir si nous avons reçus des nouvelles d’un hôte pour le
lendemain à notre arrivée sur Irkutsk. La connexion ne nous coûtera que
0.10centimes d’euros pour apprendre, finalement, que personne ne peut
nous accueillir. Il nous reste encore quelques roubles, nous nous jetons
sur le pain le moins cher ! Enfin, quelque chose de solide a manger !
Ça fait un bien fou !… Mais pas pour nos palet, qui hurlent de douleur…
Nous pensons que le manque de nourriture solide les a ramollis… Avis aux
experts, que pensez-vous de cette théorie ?!
Soirée dans la continuité de la journée : tranquille et reposante !
Événement marquant de cette journée, le soleil nous a bien eu ! Yann a le nez crame ! J’ai des jambes d’écrevisses !
Levé matinal le lendemain pour attraper notre bus ! Cette fois pas
de chichis ni de confusion, nous payons directement le chauffeur pour
mettre notre sac dans la soute à … outils !
Dans le bus nous retrouvons Marie. Arrivés au sud de l’ile pour prendre
le bac qui nous ramènera sur le continent, nous nous retrouvons bloqués.
Deux autres français rencontrés dans le bus dont l’un parle russe, nous
expliquent que pour passer prioritaire il faut payer les personnes qui
travaillent à faire passer les bacs. Notre chauffeur ou la compagnie n’a
pas voulu payer… Du coup on attend. Les humeurs s’échauffent ! Les
passagers s’en mêlent… Au final après deux bacs partis sans nous et deux
heures d’attentes, nous voila sur le lac !
Ahhhh ! Retour dans le bus ! C’est parti pour 5h de route non stop ! Eh
bien non ! Une bonne blague nous attend ! Des ouvriers sont en train de
construire une route en terre. Le bus essaye d’y accéder une première
fois, Il n’y parvient pas et nous fait tous descendre… Rassurant! En
réalité, la route menant à la route en construction (qui est la route
principale et la plus empruntée) n’est pas assez plate. Le bus ne peut
donc pas passer. L’assistant du conducteur demande aux ouvriers de
rajouter de la terre pour étoffer le passage et permettre au bus de
passer plus facilement sans casser le parechoc arrière… Première
tentative, sans résultat… Deuxième tentative ! Bravo ! Nous sommes
partis ! Nous venons d’assister en direct à la création d’une route ! Si
c’est pas beau ça !
Là c’est sur ! Nous sommes parti ! Bercés par la chaleur et les
mouvements du bus on somnole tranquillement pour arriver finalement à
l’heure à Irkutsk !
Tous ensemble, le groupe de français quoi, nous suivons Marie à son
auberge de jeunesse pour y trouver des places pour le soir même. Je suis
bluffée par cette fille souriante et au grand cœur qui voyage seule
depuis un mois et demi à travers l’Asie !
Il ne reste que deux places à l’auberge mais nous sommes quatre a
vouloir y rester… Gentiment, les deux autres français du bus nous
laisse la priorité et partent a la recherche d’un autre endroit plus
proche de la gare…
Nous nous posons, à l’aise dans cette auberge de jeunesse !
Que d’émotions durant ces derniers jours… Mais je ne regrette rien ! Certes, nous avons fait des erreurs, mais on en est sortis indemnes et on en retient la leçon !
Il y a tellement d’autres levés de soleil qui nous attendent…
Maiwylou
soizic a écrit le 26-08-2011
RépondreSupprimerje viens de découvrir le site aujourd’hui!!
me voila a lire le premier article et WOOW j’en ai le souffle coupé!! c’est tellement vivant tellement fort!!! j’arrive pas a croire ce que vous avez vécu!!! c’est complétement dingue! i am really really impressed^^
pleins de ziboux lilou et, à yann aussi que je connais pas!! bonne fin de voyage!!! vous devez etre sur la muraille de chine ou quelques en part en chine si ma mémoire est bonne et tout c’est déroulé plus ou mins comme prévu dans votre timetable
Maïwylou et Yayann a écrit le 01-09-2011
SupprimerLa Zic nous lit ! Yahou ! Quel bonheur d’avoir des nouvelles ! Nous sommes effectivement en Chine, a Pekin, mais nous sommes arrives hier (et non autour du 26 comme suppose !) !
Bon emmenagement au Canada ! J’ai hate d’en savoir plus sur tes aventures !
Bisous ma Zic !
Maiwylou
LouiZélène a écrit le 28-08-2011
RépondreSupprimerOn abandonne enfin la clé 3G (insupportable !) pour lire tranquillement les articles et les commentaires. Vivement mardi 30 pour la suite des aventures.Voilà ce que c’est quand ceux qui sont restés ont été baignés dans le luxe de l’information !!! Mais bon, le « silence radio » n’est pas sans déplaire non plus : où sont-ils, que font-ils, leur reste-t-il des nouilles chinoises (hihihihi), et le sac à dos, et les grimpettes sur les rochers, et la rencontre avec les ours, et et et…????? autant de points d’interrogation qui en cachent un seul : ça va ?
AAAAAHHHH, c’qu’on pens’à vous, dis-donc ! Mille bisous Mam Lou
LouiZélène said on 31-08-2011
RépondreSupprimerCoucou ! ici c’est mercredi 31 août. En lisant les commentaires de l’autre article, j’ai vu que Yann avait donné de ses nouvelles… Comme dirait DidPap « on commence à se faire du sang d’encre » ! La muraille bientôt ? Tendrement et patiemment on attend des nouvelles… Pap Mam Mat et Rob (qui rentre ce soir d’Angleterre)