Deux Péquins à Pékin.
Réveil forcé dans notre four de chambre (eh oui il fait chaud à Pékin !) car une journée des plus chargées nous attend. L’objectif est en effet de visiter tout ce que nous avions prévu de voir en 3 jours, en 2 jours (vu qu’on a perdu un jour à Oulan-Baator) !
Sans perdre plus de temps, juste le temps de manger des restes du Mc Do de la veille (Miaaam !….), et nous voilà dans les rues de Pékin. Premier constat, il fait beau, très beau même ! Aaron l’Américain qui est resté dormir chez Olivier nous dira même avant de partir que c’est très inhabituel. D’après ses dires, si la visibilité normale est de 10 miles, à Pékin en temps normal celle-ci serait de 2.5 miles en moyenne ! Non vraiment, c’est une bien belle et peu polluée journée (à vue d’oeil en tout cas) en perspective ! Alors que l’on cherche à rejoindre le métro en prenant un taxi, car ils ne sont pas bien chers selon les dires d’Olivier, on tombe à notre grand joie -après avoir certes un poil galéré certes- sur un pousse motorisé ! Nous nous retrouvons donc dans une cabine installée à l’arrière d’une moto où nous tournons dos à la route ! Enorme ! Autant dire que la journée commence très bien dans une Pékin que nous apprécions énormément. En effet, avec des bâtiments modernes de part et d’autre de larges avenues propres et boisées, nous sommes immédiatement conquis par ce retour à la civilisation !
Nous déposant à la station de métro, on peut ensuite goûter au métro dernier cri comportant la climatisation, des écrans dans la rame où sont diffusées des vidéos rappelant les comportements que doivent adopter nos dociles petits chinois dans le métro, mais aussi des écran le long des tunnels (!) qui sont placés à des intervalles calculés avec la vitesse du métro pour qu’on voit de manière nette et sans accros les pubs qu’ils diffusent… je suis scotché ! Le métro est également l’occasion de réapprendre comment bourrer une foule compacte pour trouver une place. Les chinois sont des experts et s’ils pouvaient monter sur la tête des gens pour exploiter le peu d’espace disponible dans la rame, ils le feraient.
Quand nous réémergeons à la surface, nous ne sommes plus très loin de la Place Tienanmen que nous souhaitons atteindre à pied avant d’entrer dans la Cité Interdite. Il est très agréable de marcher sur les larges trottoirs au pied d’immeubles modernes. Alors que nous marchons nous sommes rapidement accompagnés d’un chinois à l’anglais trop parfait et au contact trop facile pour être désintéressé. C’est lorsqu’il nous fait entrer dans un hutong, un quartier traditionnel chinois situé à l’arrière de la Cité Interdite, qu’il nous dévoile qu’il aimerait qu’on visite sa galerie d’art. Héhé ! Non merci Monsieur ! On ne vous a pas dit qu’on est ultra pressés dans notre visite de Pékin ? Nous le laissons donc en plan et rejoignons les bords du canal qui entoure la Cité Interdite pour atteindre l’entrée. C’est si calme ! J’avais en tête des images de trottoirs bondés un peu à la Tokyo. Que nenni ! L’entrée de la Cité interdite sera davantage conforme à cette image, des groupes de chinois fourmillant de partout, tandis que sur une étendue de gazon, des policiers font des démonstrations de leur grande discipline en restant en ligne sans bouger sauf quand leur supérieur les fait mettre au garde-à-vous ou bien lorsqu’il leur demande de mettre successivement leur képi. Je ne vous cacherais pas que j’imagine mal des policiers français être réquisitionnés pour des démonstrations autant dénuées d’intérêt.
La visite de la Cité Interdite qui suivit fut à la hauteur de ce que j’imaginais : bondée et finalement peu intéressante. En effet, nous ne pouvons visiter quasiment aucun intérieur, nous contentant de regarder de l’extérieur les plus grandes salles comportant trônes et belle architecture à travers des portes ouvertes où se massent des chinois qui ne prennent pas le temps de regarder, mais prennent leur photo et puis s’en vont, te bousculant au passage alors que toi tu aimerais avoir le temps d’observer et réfléchir à ce que tu vois. Néanmoins, nous parcourrons la Cité du Sud au Nord, traversant d’immenses cours aux balustrades blanches et travaillées contrastant avec les murs rouges des bâtiments. Quelques fois, nous devrons emprunter de petits ponts tout aussi travaillés pour traverser des canaux artificiels tandis que nous devrons toujours emprunter des escaliers pour rejoindre les bâtiments impériaux. Au Nord, nous terminons la visite avec le magnifique petit jardin impérial composé de petits temples et haies ici utilisées en tant que majestueux arbres à part entière.
C’est tout naturellement, et appuyés par les conseils de visite que nous avait prodigués Olivier, que nous allons au Parc Jingshan, situé sur une colline artificielle créée par la terre enlevée pour faire les canaux de la Cité Interdite et située juste devant sa sortie Nord. Payant, comme la plupart des parcs pékinois, celui-ci se révèle un véritable havre de paix et de verdure en plein coeur de Pékin. Il est tout à fait normal de croiser des gens faisant des exercices de relaxation en groupe et en musique ou bien encore du Tai-Chi. Au sommet de la colline se trouvent 5 pavillons dont un central qui représente l’axe central de Pékin. Dans ce temple qu’il nous faut atteindre après une sèche montée de marches aussi grandes que la taille des chinois (ahem), se trouve une statue bouddhiste et nous offre surtout un panorama imprenable sur les toiles aux tuiles lustrées jaunes de la Cité Interdite. Majestueux !
Vient ensuite le moment -enfin- de manger. Continuant toujours au nord du Parc, nous atteignons finalement une zone de restaurants en tout genre au bord d’une large avenue qui se situe elle aussi dans l’axe central de Pékin. Alors que nous cherchons un restaurant pas cher et qui indique par des photos le menu, je marche sur une bordure d’escalier en pierre blanche « afin de rompre la monotonie de la marche ». Alors que je pensais qu’elle était de la même structure que celles de la Cité Interdite où j’avais fait la même chose, celle-ci est ultra-glissante et c’est de tout mon long, sans même avoir le temps de comprendre, que je tombe, la paume de ma main gauche s’explosant sur le flanc d’une marche. La douleur se propage dans toute la main et dans mon poignet. J’ai peur de l’avoir cassé, mais heureusement en quelques secondes où je me force à appuyer sur ma main pour déterminer la douleur, je comprends que c’est juste le muscle de ma paume qui a pris un coup. C’est ainsi qu’il ne faudra en réalité que quelques secondes pour que je me relève et rassure en quelques mots les chinois aux alentours ayant eu peur pour moi avant de reprendre la route. Nous rentrons finalement dans un restaurant très proche de la « zone de chute » et je prends un plat qui ne m’inspire pas vraiment, mais aura finalement le mérite d’être consistant. Je n’ai pas à me plaindre comparé à Marylou qui prend quelque chose d’atrocement piquant aux cacahuètes ! Je ne peux m’empêcher de rire que ça tombe encore sur elle alors qu’elle en supporte vraiment pas ça ! Concernant le maniement des baguettes, étant droitier, ma chute n’ajoute donc pas un handicap supplémentaire, et pourtant celui-ci est tel qu’une serveuse vient nous montrer comment faire. Honte total tandis que tout le petit restaurant est mort de rire.
Quand enfin nous sortons, après que Marylou ait bu des litres d’eau et du coca pour compenser le picotement, nous retournons à peine en arrière visiter des hutongs situés de part et d’autre de la route partant du Parc Jingshan. Composés de petites maisons mitoyennes en petites briques et tuiles grises, elles forment de petites ruelles (hutong voulant d’ailleurs dire « ruelles ») tout à fait au calme et dans lesquelles il serait possible de se perdre. Nous nous rendons ensuite à pied non loin au lac Houhai le long duquel se situe le plus grand nombre de restaurants/cafés/bars consécutifs au monde ! La promenade dans ce lieu de détente est juste extraordinaire sur une berge dallée et ponctuée d’arbres qui jettent leur ombre sur les établissements, leurs terrasses et le Lac au bord duquel ils se tiennent. Il est possible de louer des vélos ou encore des barques, et ce n’est vraiment que le manque de temps qui nous empêchera de le faire. A la place, nous nous jetterons sur une barbe à papa que nous avalerons en un temps record. Ah… Quelle ville ! Quelle ville !
Décidant d’aller à pied au Collège Impérial situé non loin de la deuxième couronne de Pékin au nord-est, on traverse encore et encore des hutongs, se perdant carrément avant de finir le long du périphérique alors que nous voulions le longer quelques rues plus bas. Tant pis ! Au moins on n’est plus perdus et on saura atteindre le Collège ! Nous sommes finalement ravis de suivre le périphérique car les Chinois, plus malins que les autres, ont crée des parcs pas très larges mais très agréables sur toute une portion qui le longe, où de nombreux gens se détendent et où l’on oublie totalement qu’à quelques mètres vrombissent des centaines de voitures. Nous atteignons finalement le Collège situé au milieu de hutongs et avons le bonheur de constater qu’il est communiquant avec le Temple de Confucius ! Du coup, un ticket pour les deux !
C’est ainsi que nous découvrons, outre les cours des beaux bâtiments, des pièces de reconstitution et des musées retraçant la vie de Confucius ou encore la vie scolaire dans le Collège Impérial où étaient formés les enfants de la noblesse Chinoise mais aussi d’autres pays voisins. S’il est très intéressant d’en apprendre plus sur la vie, la philosophie et l’héritage du philosophe né 500 ans avant Jésus Christ qu’était Confucius, il est encore plus intéressant de connaître les fonctions des différents bâtiments du Collège Impérial (telle la salle des punitions…) et notamment de s’attarder dans le musée consacré au système d’examen Impérial qui était et est resté durant des siècles unique moyen au monde permettant à tous d’atteindre de hautes fonctions dans l’Etat sous réserve de connaissances. La Chine s’est ainsi doté des plus fins spécialistes aux postes les plus élevés sans faire une distinction d’origine sociale comme dans le reste du monde qui en écartait la plupart.
Bref, visite passionnante autant sur le plan visuel que culturel. Alors qu’il n’est pas loin de 18h, nous décidons d’aller sur la Place Tienanmen (où nous voulions aller le matin avant la Cité Interdite mais on a été détournés par le gars dans les hutongs rappelez-vous !) que je brûle de voir depuis des années. Pas de folies cette fois, on prend le métro ! Après s’être loupés deux fois de sortie de bouche de métro (entre celle qui va sur la Place, celle qui va côté Cité Interdite, celle qui va côté Musée National Chinois etc.) , nous finissons finalement sur la Place. Je suis déçu. Pas par la taille, non, je ne doute pas qu’un million de chinois puissent tenir sur la plus grande place du monde. Seulement, deux très longs écrans ont été disposés de part et d’autre du mausolée de Mao situé au centre de Place et nous inondent de pubs. Rien ne laisse présager le massacre d’étudiants qui eut lieu ici en 1989… Aujourd’hui, la Place est un des lieux les plus surveillés au monde, des caméra de surveillance étant discrètement placées en masse sur les belvédères qui l’éclaire. Il paraît même qu’une part importante des personnes présentes sur la Place sont des espions à la solde du Parti. En effet, dans un pays où l’information est largement censurée et où les distances sont énormes, Tienanmen représente un des rares endroits où une protestation peut être vue et entendue par le plus grand nombre.
Toujours est-il que, voyant un rassemblement devant l’immense drapeau chinois déployé en bordure de la Place, faisant face au portrait de Mao situé sur le fronton de la Cité Interdite, de l’autre côté de la route, je comprends que le baisser de drapeau va avoir lieu. En effet, grâce au Lonely Planet, on sait qu’à l’aurore et au crépuscule ont lieu un lever et baisser de drapeau avec une parade militaire atypique. Si la foule nous laissait présager un baisser de drapeau toujours imminent, celui-ci intervint finalement seulement plus d’une heure après ! Une heure, où des soldats bougèrent de temps en temps, histoire de faire patienter la foule, tandis que seuls les plus chanceux (et les plus grands héhé !) pouvaient assister à la scène. Je remercie Marylou de sa patience, mais je souhaitait vraiment filmer la descente du drapeau chinois.
La nuit tombant, et l’heure de manger étant largement arrivée, nous décidons d’aller au Marché Nocturne de Pékin. Ca ne vous dit rien ? Mais si, vous savez celui qui vend scarabées, sauterelles et autres vers grillés ! Après quelques stations de métro et une courte marche nous faisant notamment passer devant une cathédrale catholique (assez rare sous ces latitudes pour le signaler) devant laquelle une foule de chinois danse de manière synchronisée (et non rythmée !) sur de la musique rapide, nous atteignons enfin le marché qui est une longue succession d’étals le long d’une rue qui sont notamment éclairées par une lanterne rouge. Après un premier passage, plutôt écoeurant pour ma part, mais très jovial car il règne une super ambiance avec les vendeurs qui cherchent à capter notre attention en parlant fort et souriant, on estime que l’on a trop faim pour prendre le risque de ne pas manger après qu’on eut été éventuellement écoeuré par un met qu’on aurait mangé dans ces stands. Du coup, direction la grande cuisine gastronomique : Mc Do ! J’en ai en effet repéré un dans la rue perpendiculaire à celle du Marché, une grande et large rue piétonne (une des rares et définitivement la plus connue de Pékin) où se situent les plus grandes enseignes internationales. C’est dans le lieu le plus européanisé depuis la Russie, tant par la population que par les marques, et au milieu de bâtiments ultra modernes composés pour beaucoup de larges écrans, que nous entrons complètement émerveillés dans le Mc Do. Je m’attendais à voir ça à Tokyo ou New-York, mais pas encore à Pékin ! Après un bon repas, nous ferons un deuxième passage dans le marché, cette fois envahi par les groupes de touristes (les guides ne s’arrêtent donc jamais !!), mais nous n’avons désormais plus du tout faim et les odeurs de friture un tant soit peu appétissantes du premier passage, nous paraissent pour le coup carrément insoutenables. C’est donc le ventre rempli, mais pas de scarabées (quoi que, qui sait ce que Mc Do met dans les nuggets !) que nous décidons, enfin, de rentrer chez Olivier nous reposer.
Alors que nous pensions, ou plutôt espérions, que ce retour serait une formalité, lorsqu’une ressortirons du métro pour prendre un taxi nous déposant chez Olivier, nous comprendrons vite qu’ils ne savent pas nécessairement lire une carte, et serons forcés d’indiquer un hôtel connu pas trop éloigné de chez lui. Alors que nous nous basons sur une croix qu’Olivier à faite sur notre carte pour savoir où il habite, nous marchons… marchons… et marchons encore le long d’une rue, tournant à une autre, puis une autre et demandant aux gens s’ils savent où est Mc Do (le mot-clef étant « Mc Do » vu qu’ils ne parlent que pour peu l’anglais) vu qu’Olivier habite juste à côté de l’un d’entre eux. Bien 3/4 d’heures plus tard, nous trouvons enfin l’entrée, complètement saoulés -surtout moi je crois- après une journée si remplie, d’avoir eu à autant marcher pour trouver la résidence qui se révélera relativement mal indiquée par la croix sur la carte. L’essentiel est que nous soyons arrivés, et nous ne nous faisons pas prier pour rapidement se coucher.
Yayann
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